Qui aime le tennis a forcément regardé le Masters de tennis la semaine passée et applaudi le succès de Nikolay Davydenko.
Et qui est intéressé par le droit des marques n’a pas manqué d’être interpellé par le fait que ce joueur russe joue avec une raquette dont il a volontairement masqué la marque du fabricant !
Quelle est l’explication de cette situation pour le moins inhabituelle (puisque les sportifs en général, et les tennismen en particulier, sont particulièrement avides de montrer leurs sponsors devenant parfois de véritables hommes sandwich) ?
Après son succès contre Del Potro, la presse lui a posé la question comme le relate ce quotidien : « La conférence de presse s’est achevée par une question d’un journaliste lui demandant pourquoi sa collaboration avec la marque de raquette Prince s’achevait à la fin de l’année : ” Parce que Prince n’a plus d’argent. La crise (sourires). Je sais que Prince mise tout sur Sharapova et il ne reste plus rien pour les autres “, s’indigne le droitier de 28 ans. »
La question est donc ainsi posée : Davydenko a collaboré avec la marque Prince qui lui a fourni les raquettes et l’a rétribué pour les utiliser publiquement. Prince décide de ne pas reconduire le contrat (c’est-à-dire de continuer à payer Davydenko pour utiliser leurs produits) et Davydenko décide de continuer à utiliser la raquette prince (je suppose parce qu’il y est habitué et qu’elle lui convient bien) mais de retirer la marque Prince car il n’est pas payé pour leur faire de la publicité.
A-t-il le droit de masquer cette marque ?
Si l’on considère qu’il fait un usage personnel de la raquette (donc en marge de l’usage dans la vie des affaires) on devrait conclure qu’il en a tout à fait le droit. Ceci de la même manière que vous avez le droit d’ôter l’étiquette de la bouteille d’eau que vous allez boire.
Mais, si l’on prend en compte sa profession de joueur de tennis professionnel, le fait qu’il joue sur le circuit pro et que l’usage de sa raquette va être vu par des millions de personnes, ne peut-on justement penser qu’il s’agit d’un usage dans la vie des affaires (puisque précisément il suffit qu’il y ait un contrat pour que l’exploitation publique soit licite et rétribuée) ? Qu’il affecte le produit original et que, s’il n’a pas l’obligation de vanter les mérites de cette marque, il n’en a pas pour autant le droit de modifier la raquette ?
Et puis, rien ne le force à utiliser cette raquette ?
On ne peut néanmoins s’empêcher de penser que, dans la réalité, la question va être rapidement dépassée car, en gagnant le Masters, Davydenko va entrer dans une nouvelle perspective marketing qui incitera sûrement une marque ou une autre à desserrer les cordons de la bourse…