Le 12 janvier dernier, les candidatures au .corp ont été ouvertes par l’ICANN.
S’il n’y a pas eu de nouvelles informations majeures dans le choix d’une telle extension depuis notre dernier article du 28 novembre sur l’opportunité pour les sociétés à candidater pour réserver un .corp, il y a aujourd’hui une nouvelle donne qui peut influer sur la décision de chaque entreprise à se positionner ou non pour une extension de sa marque ou d’un nom générique.
Une gestion « parking » à moindre coût
En effet, depuis l’ouverture des .corp, certains bureaux d’enregistrement se sont positionnés pour proposer une gestion des .corp à moindre coût. Si, à l’annonce du lancement de cette nouvelle extension, les coûts de gestion annuels annoncés se situaient entre 150 K€ et 200 K€ par an (en plus des taxes de l’ICANN),
un nouveau package est aujourd’hui proposé par certains registres avec une intendance a minima pour un petit nombre de noms de domaine sans logique commerciale.
Dans cette logique de gestion « parking », les coûts se situent aux environs de 20 K€ par an, auxquels il faut ajouter les taxes de 25K USD de l’ICANN.
Hormis les coûts de la 1ère année, qui restent importants (taxes de 185K USD + montages technique et juridique du dossier), il est alors possible de détenir un .marque pour un coût d’environ 40K€ par an.
Quelles conséquences sur votre stratégie ?
Compte-tenu de ces coûts moindres de gestion annuelle, la réservation d’un .corp n’a plus uniquement un but commercial de gestion de masse mais peut être réservé soit pour bloquer le nom, soit pour empêcher les tiers ou des concurrents de réserver ce nom, dans un but préventif.
Les risques et les intérêts sont plus ou moins importants en fonction du type de réservations :
*.marques originales :
Les risques qu’un tiers réserve par exemple un .google ou .kookaï sont plutôt limités compte-tenu de la notoriété et de l’originalité de ces marque et ces réservations seraient frauduleuses. Compte-tenu des coûts importants de la 1ère année, il y a peu de chance pour qu’un cyber squatteur tente de telles réservations.
L’inconvénient de ne pas se positionner sur des marques originales réside plutôt dans le fait qu’il faudra a priori attendre 3 à 4 ans avant l’ouverture d’une nouvelle cession de candidature aux .corp, et ce même si ces réservations sont un succès, ce qu’on ne peut prédire aujourd’hui.
**.marques du langage courant ou .nom générique :
Les risques qu’un tiers réserve un .jeux ou un .vin par exemple, sont plus importants, ce qui pourrait être préjudiciable pour une société dans ce domaine d’activité et encore plus si ces candidatures sont faîtes par un concurrent qui limite les conditions d’accès à ces réservations, sans logique commerciale avérée.
Il y a donc là, selon nous, un intérêt pour toute société à se demander quelles extensions seraient pertinentes ou gênantes, et le cas échéant, l’intérêt d’une syndicalisation (regroupement de plusieurs sociétés) pour une même demande (par exemple pour un .ski).
Dans ce contexte, bloquer un nom pour un coût annuel de 40 K€ peut être une décision stratégique permettant de créer un avantage concurrentiel.
Quelles sont les sociétés qui se sont positionnées ?
A titre informatif, plusieurs sociétés ont déjà fait part publiquement de leurs intentions de candidater, au moins implicitement, telles que Canon, Deloitte (conférence From deloitte.com to .deloitte, septembre 2008), Deutsche Post (évocation publique de .dhl en conférence par des représentants de la société), Google, Nokia, Shell (enregistrement par la société du nom dotshell.info), Twentieth Century Fox (demande de dépôt de la marque .fox), Volkswagen, Skolkovo, Hitachi…
Notre domaine d’intervention
Si au regard de l’intérêt d’une telle stratégie le dépôt d’une candidature est envisagé, le travail se fait en collaboration avec un registre pour l’aspect technique et nous intervenons :
– sur l’aspect juridique de la constitution du dossier : préparation des réponses aux questions administratives, soumission du dossier comprenant les réponses juridiques, suivi du dossier.
– en cas de remise en cause de la candidature : rédaction d’un avis juridique, rédaction d’un mémoire juridique, recours auprès de l’ICANN ou des instances françaises.
Le sujet est délicat et compliqué dans la mesure où cela implique de nombreux services (juridiques, informatiques, marketing, commerciales….) et de nombreuses questions.
Quelle que soit la stratégie adoptée et le choix décidée en interne, nous recommandons de mettre en place une surveillance sur la publication de la liste des noms afin de :
– connaître la liste des candidats et si des concurrents ont présentés une demande pour en informer les services marketing et de définir les actions à prendre ;
– définir si il y a matière à s’opposer à une de ces extensions qui vous porterait préjudice au regard de vos droits existants ;
– déterminer s’il y a un intérêt à réserver un nom de domaine dans cette extension.