L’on entend parler du .corp depuis maintenant près de 3 ans, depuis que l’Icann a annoncé son intention de laisser se créer de nouveaux gTLD
New gTLDs Details Dominate Debate at ICANN 42 in Dakar
L’on sait que la création d’une nouvelle extension est une véritable aventure, couteuse (185 000 USD de coût de licence au départ) et pour les extensions ouvertes, un nouveau métier.
La question que se pose la plupart des sociétés est celle de savoir si elles sont concernées ou, au contraire, si c’est un simple gadget commercial comme de très nombreuses extensions l’ont déjà été (.biz ; .mobi, etc.).
De manière schématique, la réflexion doit s’orienter selon deux axes :
- est-ce le .corp est une opportunité commerciale à ne pas manquer ?
- est-ce qu’il y a un risque juridique à gérer si un tiers créer une extension avec la marque concernée ?
Toutes les grandes sociétés qui, compte tenu du coût financier, peuvent être intéressées, ont déjà des sites actifs via des adresses en .com la plupart du temps (et/ou en .pays).
Le lancement d’un .corp doit donc trouver sa place dans l’existant. L’argument principal des pro-.corp est celui selon lequel un .corp augmenterait le référencement du site naturellement.
Aucune explication n’est vraiment donnée par ces officines commerciales.
Que doit-on en penser ? La plupart des spécialistes du web que nous avons rencontrés chez nos clients sont extrêmement perplexes (pour ne pas dire plus…) et pensent que le .corp n’aura aucune incidence sur le référencement dans la mesure où celui-ci est basé sur trois éléments clefs :
* le contenu
* la popularité
* la socialisation
Le SEO d’un de nos clients me faisait part récemment d’un autre commentaire : comment le .corp pourrait aider à un meilleur référencement naturel alors même que Google n’a aucun intérêt à favoriser le référencement puisque tout son système est assis sur la vente de mots clefs (Adwords) ?…
Aucune réponse pertinente des « vendeurs de .corp » non plus…
S’il n’y a pas de raison positive évidente pour créer un .corp, existe-t-il des raisons négatives pour le faire ?
Un risque juridique ?
La réponse ici doit être plus nuancée. En effet, tout dépend de la nature de la marque que vous détenez.
Si votre marque est très originale (Pimckie, Coca-Cola, Yahoo, L’Oréal etc.) ou ardue (Bouygues Telecom, Galeries Lafayette, Standard and Poors, etc.), il apparaît peu probable qu’un tiers dépense autant d’argent pour un nom pour lequel il n’aura à l’évidence aucune légitimité et encore moins probable que l’Icann accepte une telle demande.
La situation par contre, est très différente si votre marque est un mot du langage courant : En effet, dans cette hypothèse, d’autres peuvent avoir une légitimité sur le terme et il existe donc un risque réel qu’un .free, un .vinci, un .orange, un .arte, etc. voit le jour.
Il sera alors extrêmement important de surveiller qui est l’auteur de la demande, s’assurer de sa légitimité, réserver les noms de domaine correspondant à l’extension (par exemple television.arte) lorsqu’elle sera ouverte.
Au final, à l’exception des collectivités locales, des municipalités et des cas particuliers où il y a un réel intérêt, il semble qu’il y ait très peu de raisons de remplir un dossier en .corp et de dépenser autant d’argent (il est évident que si le prix baissait largement cela changerait complètement la donne).
Par contre, il est très important de mettre en place une surveillance en avril prochain pour voir si sa marque a fait l’objet d’un dépôt de dossier, si un de ses concurrents a présenté une demande et déterminer alors la stratégie à suivre (dépôt d’une plainte pour empêcher l’attribution du .corp ou simple volonté de bloquer certains noms de domaine par exemple).